Thursday, December 24, 2015

Self-revelation and me.


           

Written by Allal El alaoui
Rabat/Salé

                Self-revelation could happen at the right moment of the beginning of any film  and it does at the end too.I know this through torturing myself, with love of course ,to watch a lot of movies .I also know this  from Trubynizing and Mckeenizing myself  out of reading their
 books , Story of RobertMckee and the Anatomy of Story by John Truby.

               Surely, Story by McKee is a wonderful screenwriting book that teaches me a lot .This is the truth .Yet, Truby’s the Anatomy of The Story,  speaks to my soul  directly as The magical stories of One Thousand and One Nights do.

             Apparently, Truby’s has caught my “ Inside out ". I struggle everyday to write a draft that uses the Chapter 8/4 of the Anatomy of The Story which I find more appealing and more convincing in structure writing .

           “Comment faire ? “ . This is a continuous dilemma of mind as it is to my character. How to start ? Bloody Hell . Writing character or create plot.Character is plot and plot is character.The trick to formulate the three-  act structure hurts me and it is  a pain in the ass. May be I could break the rules and write five or more acts the same thing as Quentin Taratino does. 

            As a matter of fact , simplicity prevails .I should write the thing from my Inside out, from my self experiences , my self- revelation .In psychology, Man has female and male  characteristics . i mean , my protagonist and antagonist side.This is how i see it . Again , I go back to Truby’s in order to speak to my soul , because I am a human condition character who confronts  continuous hurdles until the nirvana moment , the climax.

           Oh God,writing is painful . It takes weeks and months to write my first and ever final draft. And surely, the moment has not come  yet. I pause a little , have a walk and may be go to Marrakech to abandon  the inside troubles of  revealing myself . Back again , I read  a lot and entertain my soul by reading the myths of the Joseph Campell Hero . The Character refuses to come out and I help myself to read Linda Seger‘s unforgettable characters .

           I am a beginner in filmmaking and all of my short stories which I have cinematically realized before, are written from my imagination . But now , the thing is different because my script must be different as Hollywood is always  asking for . I will never go to America nor to Hollywood but My journey to write , will never stop . That is for sure. My cinema audience is now  hungry for a powerful , well - structured feature film . My sole desire is to satisfy my audience empathically.

         Stop . I go back to listen to Trudy’s voice . Surprisedly, I write the double of me. Something urges me to enforce the demons  inside and make pressure on them . I cut the shit and go back and make a lot of research . I decide not  to use dialog but my character has to express himself  and please delete  the text and use only subtext . Then , I have to read it aloud while my wife is snoring .That will pace the thing . Cut the shit again and rewrite it .Oh how wonderful, Ingmar Bergman uses the economy of dialog.


             My character inside me is weak again. He has wounds and of course , I am a human being and surely I want to write a story of him  . The end of the story should reveal me as     self-revelation . I am an egoist writer because I like myself a lot . That is a revelation commented by my wife, already fed up with my books here and there in our rosy bed .  Do not worry honey, I am a changing man now, and I am going to write a story whose character utters words like I love you.


                                                                                                                   by  Allal
El alaoui

Friday, December 18, 2015

THE HATEFUL EIGHT by Quentin Tarantino


+Oscar Montez Films Whoa awesome! Goodluck with that :) There's a movie you might want to check out (sorta documentary more like) called No Cameras Allowed. It's about this dude that would always sneak into the big music festivals and film stuff with his film cameras. It doesn't sound when I say it but check out the trailer. :)


allal el alaoui : powerfull writing and beautifull  cinematography.




https://youtu.be/gnRbXn4-Yis

Thursday, December 17, 2015

Ozu


Ozu

Lewis Bond's essay, which cuts together footage from over 20 Ozu films, gives a good overview and analysis about Ozu's static camera, his obsession with frames, and transient editing style.
Published on Dec 5, 2015
Some filmmakers only create style's for aesthetic purposes, some create them for symbolic purposes. Ozu was one of the filmmakers that did both


Saturday, December 05, 2015

islam in French cinéma by ALLAL SAHBI

[29/06/2010 18:02]L'ISLAM DANS LE CINÉMA FRANÇAIS


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Le cinématographe, bien après la chanson de geste1, est devenu un média qui aujourd’hui encore nous renvoie à certaines références historiques sur le rapport qu’entretient la société française avec l’islam. Ainsi c’est au cri de «Charles Martel!»que l’acteur François Berléand, dans le rôle d’un convoyeur de fond,riposte à un groupe armé qui braque son précieux chargement en banlieue parisienne. L’un des assaillants, un keffieh sur la tête, laisse planer peu de doute quant à l’origine des malfaiteurs 2. Ce cri de guerre, dans de telles circonstances, constitue une évocation claire de la résistance chrétienne face à l’islam. Dans cette scène, les convoyeurs doivent en effet repousser des bandits qui s’attaquent à eux, bandits identifiés par la réalisation à de jeunes français d’origine maghrébine, ceux que le cinéma appelle encore souvent des «Arabes».
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Dans son dernier ouvrage, l’économiste  et historien libanaisGeorges Corm propose à ses lecteurs de revoir ce qu’est l’islam. Il yécrit que: L’islam n’est pas un lieu, ni une nationalité; or, il est deplus en plus employé comme s’il était une religion nationale ouethnique située dans un lieu particulier […] Il n’est pas davantage uneculture […] L’islam n’est donc qu’une religion3.
Mais dans l’imaginaire français, cette religion a eu de nombreuxdérivés sémantiques qui en ont corrompu le sens. On pense aux termesd’«islamiste» ou d’«islamique» que les médias continuent d’utiliserlorsque l’actualité l’exige4.
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Le paysage cinématographique français, les représentations del’islam s’incarneront donc rarement dans un personnage, mais lorsquec’est le cas, celui-ci est souvent chargé de lourdes responsabilités.Nous l’étudierons notamment dans deux long-métrages, L’Union sacrée etAngélique et le Sultan.
Enfin, il nous semble judicieux de souligner qu’étudier l’image del’islam dans le cinéma français c’est aussi saisir l’actualité desrapports entre la société française et une religion qui, comme l’écritGeorges Corm, «joue le rôle de repoussoir fantasmatique des peurseuropéennes5».
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Des premières représentations de l’islam à la fin du cinéma «colonial»

De nombreuses recherches sur les images de l’islam ou du «Sarrasin»durant la période médiévale établissent un lien étroit avec cellesprésentes dans la société contemporaine. Ainsi Philippe Sénac sedemande si la représentation médiévale d’un Autre «agressif, déformé,éminemment factice»5 n’est finalement pas encore d’actualité. La scène du film Le convoyeur citée en introduction en serait un exemple particulièrement évident.
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L’image de l’islam construite lors de la période médiévale a  étélargement tributaire d’un contexte politique et religieux. Ces tensionsvont se modifier à travers l’idéologie coloniale dans laquelle lareligion chrétienne n’est que rarement confrontée à l’islam. Cette miseen scène a un objectif politique particulier qui s’inscrit dans lemythe d’un territoire vierge donc colonisable, offrant au christianisme«une coloration idéologique fondatrice»6. En effet, le film colonialprocède à un dépouillement théologique de l’espace maghrébin quidevient ainsi terre d’évangélisation. Puisqu’aucune religion n’y estofficiellement implantée, le christianisme peut légitimement s’établiret c’est dans ce sens que le film L’Appel du silence de Léon Poirier sort en 1936, film dont le personnage principal est le prêtre missionnaire Charles de Foucauld.
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Le rapport de la société française à l’islam, dans l’idéologiecinématographique coloniale, apparaîtra donc logiquement dans peu defilms si l’on excepte L’Appel du silence etL’Atlantide dont les héros ont tout de missionnaires chrétiens prêts à lutter faceà une Antinéa diabolique. Quelques exceptions sont cependant àsouligner. Nous pensons ici à L’Esclave Blanche de MarcSorkin, dans lequel la populaire actrice Viviane Romance, tombéeamoureuse d’un beau et brillant réformateur turc, se marie et part pourConstantinople où elle devient l’objet de son mari. Privée de liberté,elle subit ce que le film généralise avec pour ambition de symboliserla situation de la femme dans le monde arabe. Le second film de lapériode coloniale dont le lien symbolique à l’islam peut être soulignéest Sarati le Terrible. Harry Baur y interprète un colonbourru et violent dont le comportement sera adouci par l’arrivée d’unejolie métropolitaine. Son bouc-émissaire favori est l’homme àtout-faire, Ahmed, joué par celui que le générique nomme «l’acteur-poète Ksentini ».Cet homme chétif, perpétuellement courbé, voûté en signe de soumissionà son colérique employeur apparaît de prime abord comme un êtreinoffensif. Si nous nous attardons sur les signes que le scénarioattribue à Ahmed et sur les brimades infligées par Sarati, nousdécouvrons que celui-ci porte malgré tout certains attributs qui letransforment en diable. Ce « bouffeur de haschich » comme le nommeHarry Baur, est en effet coiffé de telle sorte que ses cheveuxébouriffés forment deux cornes distinctes qui le transforment d’embléeen diablotin, allure renforcée par ses doigts crochus que l’on imaginevolontiers moites et ses attitudes étranges.
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Si la période médiévale, avec une chrétienté en construction, atransformé l’islam en ennemi juré et a réifié les musulmans en Satan,la période coloniale a pour sa part évité le sujet de l’islam dans uneoptique politique. Il serait par conséquent difficile de penser que lacinématographie coloniale ait pu contribuer à la propagation d’unecertaine islamophobie. Mais quelques années après la décolonisation, cesujet réapparaît de façon plus évidente dans le paysagecinématographique français. Ainsi, à la fin des années 1960 puis à lafin des années 1980, sortent respectivement Angélique et le Sultan et L’Union sacrée. Le regard porté par ces deux productions sur l’islam nous semble justiciable d’une analyse approfondie.

Angélique et le Sultan et L’union sacrée  ou la stigmatisation outrancière de l’«extrémisme islamique»

Après les décolonisations et la fin du cinéma dit «colonial», lecinéma français évite de s’approcher du monde musulman. Il s’y aventureparfois lorsqu’il s’agit d’évoquer la seconde guerre mondiale commedans Un taxi pour Tobrouk ou pour essayer d’attiser les dernières flammes d’un exotisme bientôt révolu dans Shéhérazade de Pierre Gaspard-Huit. L’islam disparaît donc des écrans français, etce pour un long moment. Cependant, un surgissement étonnant a lieu à lafin des années 1960 lorsqu’est distribué en salles le dernier volet desaventures d’Angélique, la célèbre Marquise des Ange.

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Spécialiste des films d’aventure et de l’exotisme populaire et bon marché, le réalisateur Bernard Borderie nous offre avec Angélique et  le Sultan,épisode final de la saga cinématographique à succès dont il est lemetteur en scène exclusif, une fable coloniale qui anticipe à sa façonla théorie du choc des civilisations. Bernard Borderie est unréalisateur qui a déjà une solide expérience derrière lui. Passé parl’école des Beaux Arts de Paris, il engage sa carrièrecinématographique dans le sillage de son père, Raymond Borderie, alorsproducteur de cinéma et fondateur de la Compagnie Industrielle etCommerciale Cinématographique (CICC) en 1937. Avant de commettreAngélique et le Sultan, il s’est déjà exercé à la série, celle du Chevalier de Pardaillan, et a œuvré sur Bethsabée de Léonide Moguy (1947), déjà dans les colonies, avant de passer à Fortune Carrée (1955) puis au Sergent X (1959), scénarii eux aussi tournés dans le désert maghrébin. Peuconsidéré par la critique, le travail de Bernard Borderie touchepourtant une large audience, ce qui lui a légitimement taillé lacarrure d’un réalisateur populaire, spécialisé dans l’aventure et lestyle cape et d’épée avec entre autres une version des Trois Mousquetaires en 1961. Si l’histoire de Fortune Carrée aurait méritéde retenir quelques instants notre attention avant d’aborder lesexploits de Joffrey de Peyrac à Alger, nous ne citerons qu’un passagede ce film, une scène où les musulmans font leur prière avec un fusilen bandoulière: Ces gens là n’aiment que la guerre, et par conséquentles armes.
Ce type d’affirmation radicale se retrouve dans Angélique et le Sultan dans lequel le personnage de l’Imam est le réceptacle de tous lesfantasmes. Le film entretient d’ailleurs une certaine confusion entrele rôle de l’Imam et celui du Sultan.
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Le narrateur nous explique ainsi que c’est sur ces territoires où leshommes vivent «comme ils vivaient déjà il y a mille ans, au début del’ère islamique», que «vit et commande l’Imam, chef suprême du pays,chef religieux et guerrier disposant à sa guise des armes et des vieshumaines; le mystérieux Imam, au plus profond de son palais.» Peur del’islam et vision de cette religion comme une idéologie profondémentguerrière, jugements sur la civilisation et le progrès, méconnaissancede l’Autre et exotisme de pacotille, tous les ingrédients sont présentspour un film sensationnel. Notons ici le souci de présenter l’Imamcomme un homme de guerre disposant d’armes et de martyrs. Cettereprésentation n’est donc pas née avec la médiatisation de larévolution iranienne que les journaux télévisés avaient assimilée à undéfilé d’hommes barbus en armes, ouvrant ainsi la voie à une imageriecodifiée.
Lescénario dont il est ici question prend surtout le parti de fonder sonintrigue sur une profonde dualité entre Occident et Orient, ainsi quesur un affrontement entre islam et chrétienté. Le film enfonce sespositions avec une mise en lumière de ce qui sépare les musulmans etles chrétiens, mais surtout de ce qui fait que l’islam restera unereligion obscure et arriérée, rétive à toute évolution des mœurs. Cetteimage dégradante est construite autour de nombreux dialogues quiévoquent ce sujet, ainsi que dans les images et représentations queBernard Borderie choisit d’en donner. Sexualité perverse, comportementsmoyenâgeux, l’islam agite toujours les fantasmes d’une société quireçoit ici un message peu enclin à apaiser les tensions ou à rechercherla compréhension. Cela se vérifie même dans la bouche de l’ambassadeurde Turquie, ami de Peyrac qui ne peut hélas l’aider mais le met engarde dans sa quête d’Angélique:
C’est une question de religion. Le Roi est le descendant duprophète, entre les mains d’Osman Ferradji votre femme deviendraitcelle du Roi. C’est-à-dire sacrée, intouchable. Et vous ne pourriezplus compter sur personne dans ce pays.
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Lefilm continue de dérouler ce thème dans la scène suivante, où, encompagnie d’Angélique, Osman Ferradji explique pourquoi son mari nepourra jamais la rejoindre:Il y a entre votre mari et ses meilleursalliés barbaresques un droit infranchissable, celui de la religion.
Celui-ci parviendra malgré tout à gagner Alger à bord d’une galèreoù il se laisse faire prisonnier non sans l’avoir cherché. « Chrétien?»lui demande le capitaine, qui voit une étoffe de l’Ordre de Malte quePeyrac avait mis en évidence. Celui-ci n’attend plus de réponse: «Mieuxaurait valu pour toi mourir de soi!»
Revenons aussi sur le moment où Angélique découvre le royaume de Miquenez et doit assister à la mise à mort d’un esclave rebelle, Colin Paturel, personnage qui rappelle fortement Spartacus :
- «Abjure ta religion, fais toi musulman et je te fais grâce! lui demande le Sultan
- C’est impossible seigneur, ma foi est dans mon cœur, on ne peut l’en arracher.
- Alors tu vas mourir.
- Oui Seigneur.»
L’islam que met en scène ce film est une religion fondamentalementviolente où la torture n’a pas son pareil pour régler les différends.Angélique, qui doit se soumettre au Sultan, commence par une leçon surl’amour tel qu’il est conçu en Occident: «En France les espritséclairés pensent que pour aimer vraiment il faut être deux». Celui-ci,évidemment, n’en a cure et tente de violer la belle. Mais Angélique lerepousse et le gifle: «Elle a osé offenser le commandeur des croyants!»hurle le souverain qui la condamne à mourir par le fouet. Si sonprotecteur, Osman Ferradji, prend soin d’enduire celui–ci d’une poudrecalmante, Angélique n’en subit pas moins une terrible série de coups.Cette séance de torture, sous le regard du Sultan qui ne semble guèreéprouver de pitié peut se terminer sous une seule condition. Le Sultanpromet à Angélique «…d’arrêter ce supplice si elle se soumet…et…embrasse la religion d’Allah». Celle–ci refuse et se voit cettefois ci marquée au fer rouge.
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L’image d’un islam violent, sadique et barbare, qui commande les actesd’un Sultan peu enclin aux remords est donc celle que ce film présenteau public français. Un islam extrémiste, profondément antichrétien etdéfinitivement haïssable pour le spectateur qui souhaite se prêter aujeu de cette aventure coloniale. Une religion qui guide des hommes auxbarbichettes aussi aiguisées que leurs dagues. Ainsi, nous assistons àplusieurs appels du muezzin étonnants. Si tous les hommes prient, ilsle font de manière assez peu orthodoxe puisqu’ils s’agenouillenttournés vers le minaret. Leur dévotion est telle que Colin Paturel etAngélique profiteront d’ailleurs de ce moment pour s’enfuir, tout leroyaume étant pris dans ses louanges à Allah…
La fin des années 1980 est une période charnière pour la représentation de l’islam en France. Les Versets Sataniques de Salman Rushdie font grand bruit dans la presse et les télévisions passent en boucle des images de barbus iraniens. La fatwa de l’ayatollah Khomeiny fait donc la une de journaux qui se demandentde quel côté sont les musulmans de France. Sont-ils pour la défense desvaleurs de la République et donc la liberté d’expression, ou pour cettesentence de mort qu’est la fatwa? Un des personnages du film se chargede répondre à cette question:
…et oui c’est leur nouveau schéma de guerre contre l’occident.Infiltration du milieu maghrébin, drogue, violence, attentats, et ilssont complètement hystériques.
tn-l-union-sacree-5543-1944994244.jpgC’est dans ce contexte lourd, et autour de ce questionnement – lesmusulmans de France sont-ils des extrémistes iraniens? – que le cinémafrançais va apporter sa pierre à l’édifice avec un film d’AlexandreArcady, L’Union sacrée, que le titre place d’emblée dans unregistre religieux. Ce long-métrage français reste probablement le plusmarquant dans la représentation de l’islam qui y est faite. Avec pourhéros un policier juif associé à un musulman, cette fiction se situe,nous l’avons dit, dans un contexte social particulier. Sorti en 1988,le film fait écho, de façon spectaculaire, au discours politique etmédiatique ambiant. Pierre Joxe sur le plateau de la chaîne TF1, tientle discours suivant suite à une question sur l’immigration: «il y a unlien entre l’insécurité et la drogue, […] entre l’insécurité et tousles problèmes de crise…», des considérations dont Alexandre Arcadysemble s’être largement inspiré.
L’affaire dite du «tchador», dans un collège de Creil, enfonce le clou, tout comme la chanteuse Véronique Sanson et son morceau Allah.Sur le tchador, c’est un autre personnage clé du film, celui del’attaché culturel Rajani, interprété par Saïd Amadis qui va répondre:«porter le tchador est un devoir islamique» précise-t-il à la femme dupolicier Simon Atlan lorsqu’il ordonne violemment à des couturières deréarranger leur coiffe. Rajani n’aura d’ailleurs que le mot «islamiste»à la bouche puisqu’à propos du personnage de Richard Berry il dira:«Hamida, c’est un nom à consonance islamique».
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L’Union sacrée,c’est aussi le système du pompier-pyromane. Sous prétexte de dénoncerl’intégrisme, et surtout ce que la société française appelle à tort età travers «l’islamisme», le film dresse un terrible portrait desmusulmans. Charge virulente contre l’islam, cette fiction affirme lesthèses du complot et de l’infiltration. On y voit des islamisteslourdement armés en plein Paris, ce qui stupéfait le policier Atlan:«Laisse-moi rentrer là-dedans avec deux grenades!» Ces hommes venus del’étranger forment des immigrés maghrébins, ce qui conforte l’idée d’uncomplot prenant corps au sein de l’immigration. Tout y devientcaricatural comme le personnage de Richard Berry, considéré comme unbon arabe car harki, personnage que le policier juif Simon Atlan neporte pourtant pas dans son cœur au début du film, et ce pour desmotifs uniquement religieux. Richard Berry interprète un «Arabe»pratiquant un islam éclairé capable de se fondre dans le moule laïcfrançais. En effet, son personnage est celui dumusulman intellectuel modéré puisqu’il est filmé avec des livres sousle bras – livres autres que le Coran – qu’il traîne sa science destapis persans dans les expositions et que ses lunettes rondes luidonnent l’air hautain du sachant. La morale est simple: puisqu’il estcultivé, il ne peut être un «islamiste».
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Au final, il convient aussi de se demander en quoi consiste cette«Union sacrée» qui ressemble plus à un mariage forcé entre un juif etun musulman. Le réalisateur, nous l’avons vu, y brasse les thèmes envogue dans la société française et avec deux décennies de recul, lefilm porte un caractère sulfureux qui n’avait peut-être pas été assezsouligné à sa sortie. Les articles parlaient plus souvent des renfortspoliciers aux entrées des salles diffusant ce film que de son contenuet d’une fin dont la morale n’a rien à envier aux films de CharlesBronson. En effet, Hamida – après avoir laissé croire à Atlan queRajani rentrerait tranquillement en Iran – a en fait piégé la voiturede l’«islamiste» qui explose aux pieds de la tour Eiffel.
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Les représentations de l’islam dans le cinéma français contemporain: entre stéréotypes et apaisement

Après L’Union sacrée, le cinéma français n’a jamais  reproduit de telles représentations de l’islam, même aux pires heures des attentats dans le métro parisien. Du début des années 1990 àaujourd’hui, seuls quelques films ont ressuscité l’islam à la sauce de l’exotisme de pacotille. On pense aux Mille et une nuits de Philippe de Broca en 1990, et au plus récent Iznogoud de Patrick Braoudé dans lesquels le personnage du Sultan à la libido débordante est à nouveau au cœur du scénario. OSS 117, Le Caire nid d’espions puis And now ladies and gentlemen de Claude Lelouch ont pour leur part utilisé les symboles de l’islam pour mieux définir un lieu. Le spectateur a besoin de repères afin de pouvoir situer.
minaret3.jpgMinaret et muezzin deviennent des références, des passages obligés. Ils attirent surtout les réalisateurs en quête d’image facile. Dans Mon   Colonel,récent film qui s’inscrit dans une récente vague de long-métrages consacrés à la guerre d’Algérie, le héros arrive dans sa caserne et passe un panneau explicite sur lequel est inscrit: «Saint-Arnaud, Ville française». Au même moment survient le chant du muezzin, qui rappelle évidemment au spectateur qu’il n’est ici pas vraiment en France. A travers cette scène, nous le comprenons, l’appel à la prière est utilisé comme un repère géographique et culturel. Mais cette balise de la mise en scène vaut aussi par son côté spectaculaire. En effet, le potentiel cinématographique de l’appel du muezzin, outre son utilitéafin de fixer un lieu, est assez intéressant pour le réalisateur. Ildevient une sorte de symbole de la différence culturelle. Dans le film de Claude Lelouch précité, chacune des scènes tournées en extérieur est le bon moment pour lancer ce chant, tout comme dans Un aller simple. Dans Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran,l’arrivée du vieil homme et de son jeune ami à Istanbul est là auss isaluée par une prière tonitruante. Cette scène devenue un passage obligé pour toutes les productions délocalisées dans un pays musulmanse retrouve donc aussi bien dans un film sérieux que dans une pantalonnade loufoque puisque dans C’est pas moi c’est lui,comédie mettant en scène le duo Aldo Maccione et Pierre Richard, pasmoins de cinq appels à la prière peuvent être recensés. Le film OSS 117 fera un pied de nez à ces représentations stéréotypées lorsque le héros, un espion au comportement paternaliste et colonial, va faire taire le chanteur de la mosquée voisine qui le réveille en pleine nuit. Le minaret, au même titre que le chameau ou le groupe de musique traditionnel, reste un autre point de repère essentiel à la mise en scène d’un film dans un pays musulman. Iznogoud, adaptation hasardeuse de la bande-dessinée éponyme se déroule dans une ville en carton-pâte et aux couleurs criardes d’où surgissent un nombre incroyable de minarets. Pour ce film, qui, nous l’avons dit, remet à jour un orient de pacotille ce décor est particulièrement révélateur de ce qui stigmatise l’étrangeté, c’est-à-dire avant tout sa religion. Le rôle du metteur en scène est ici primordial. Nous savons que le cinématographe doit donner des repères à ses spectateurs et raconter un scénario de la façon la plus spectaculaire possible. Muezzin et minaret participent à cette mise en images qui soulignent l’étrangeté et ladifférence culturelle
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Parmi les films français contemporains, d’autres ont choisi decontinuer à stigmatiser des pratiques jugées propres à l’islam. Dans Nos amis les flics, Daniel Auteuil, qui interprète un chef de bande violent, pose une question évidente:
- Dis-moi Kerouf mon ami. Tu es musulman toi?
- Ben oui!
- Tu pratiques?
- Ben non!
- C’est dommage tu devrais c’est une religion tout à fait remarquable.Par exemple les voleurs. Qu’est ce qu’on leur fait aux voleurs? On leurcoupe la main!
Le plan suivant nous montre l’inquiétant Moussa Maaskri sortant un couteau de sa poche pour en faire un usage devenu évident.
Mais à côté de ces stéréotypes à la peau dure, coexiste une nouvelleimage de l’islam dans le cinéma français, image à travers laquelles’engage une réflexion sur la place de l’islam dans la société. Dans Indigènes, c’est pour sauver la France que les soldats récitant la sourate d’ouverture. Dans Le grand voyage,un fils accompagne son père dans un pèlerinage à La Mecque qui revêt unaspect initiatique pour le jeune homme en quête de repères. Enfin, dansplusieurs comédies comme Camping à la ferme ou Il était une fois dans l’Oued, de jeunes français se convertissent à l’islam et offrent ainsi des premiers signes de mixité culturelle.
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Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, qui connut uncertain succès en salles et obtint plusieurs récompenses nationalesnous donne l’image d’un islam rédempteur avec un retour aux originespour le personnage principal et là aussi un rite initiatique pour lejeune Momo. Ibrahim fera découvrir au jeune garçon les mystères de lareligion et des pratiques soufies. Dans le Grand Voyage, cette quête se termine par une impressionnante mise en scène de La Mecque où le père du jeune homme meurt en hadj, en pèlerin.

Conclusion

Ceque le cinéma français présente dans son rapport à l’islam ce n’est donc évidemment pas un islam «réel» ou «réaliste», si tant est que celui-ci existe, mais plutôt un islam qui reflète les imaginaires qui traversent la société française, une image qui résulte des rapports de force et des enjeux géopolitiques ou plus simplement parfois, desconvictions de certains cinéastes.
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Si le personnage «Arabe» porte rarement les attributs du musulman, ilconvient d’observer que peu de films français abordent cetteproblématique. L’Union sacrée exprime les peurs d’une périodetroublée, mais les images actuelles de l’islam au cinéma, hormisl’importance des signes liés à son étrangeté et à la différenceculturelle, ne portent guère à polémique. Ainsi, il nous sembledifficile de mesurer sur grand écran ce qu’auraient pu êtred’éventuelles craintes post-11-septembre ou encore des peurs liées auxattentats du métro parisien au milieu des années 1990. Cette absence de représentation de l’islam répond à l’absence d’un questionnement religieux plus général dans le paysage cinématographique français.Hormis Mauvaise Foi, qui utilise le ton de la comédie pourparler des rapports judéo-arabes (Roschdy Zem, l’acteur-réalisateur est particulièrement impliqué sur ce thème), et du Grand voyage qui propose un périple vers La Mecque, le cinéma français n’a guèreabordé le thème de la religion. Cette observation rejoint un constat plus général sur le cinéma français, le septième art national étant resté un cinéma très peu politisé si l’on excepte quelques films militants. Exemples frappants, la rareté des long-métrages tournés surMai 68, ou plus récemment, suite à la forte mobilisation de cinéastesau milieu des années 1990 pour s’opposer aux lois Debré, aucun film(hormis Sauve moi qui resta assez confidentiel) n’a été fait sur la situation des sans-papiers.
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Ces observations, si nous les rapprochons d’un questionnement géopolitique qui serait celui du rapport de la société français aumonde musulman, peuvent donc laisser apparaître une relation apaisée,et ce malgré la survivance de quelques stéréotypes. Pas d’expressiond ’une islamophobie forcenée ou d’une mise à l’écart du monde musulman. Indigènes laisse même percevoir des soldats priant avant d’attaquer l’ennemi pourlibérer la France. Une image qui nous permet de croire que l’idée d’unislam au sein de la société française sera peu à peu acceptée.
  • 1 Voir à ce sujet Norman Daniel, Héros et Sarrasin: une interprétation de la chanson de geste, Cerf,(…)
  • 2 Film français de Nicolas Boukhrief, 2003.
  • 3 Georges Corm, La question religieuse au XXIème siècle, La Découverte, 2006, p. 185-186
  • 4 Thomas Deltombe, L’islam imaginaire. La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2(…)
  • 5 Philippe Sénac, L’Occident médiéval face à l’Islam. L’image de l’Autre, Paris, Flammarion, 1983.(…)
  • 6 Abdelkader Benali, Le cinéma colonial au Maghreb, Paris, Cerf, 1998