Monday, January 22, 2007

Ragas and Rasas of India written by Razak



Because Razak has published a wonderful article about Ragas and Rasas in India(see bouzghiba--awards.blospot.com) ,i find it necessary to republish it in my blog waiting for another cultural one about Swadeshi movement in India.(Allal)

RAGAS ET RASAS POUR COMPRENDRE LE CINEMA INDIEN

La musique filmi désigne les intermèdes musicaux insérés dans les films indiens . Dans ce registre, il est aisé de constater que les play-back dominent . Dans les films hindis , les acteurs ne sont les véritables interprètes . Ce sont des chanteurs professionnels qui garnissent la bande-son , et de ce fait , ils « offrent » en filigrane , leur voix aux vedettes du film . La musique filmi a fait son apparition au début des années trente du siècle dernier . Le film Alam Ara (traduction approximative : La lumière du monde ) , réalisé par Ardeshir Irani en 1931, marque le début du cinéma sonore et l’avènement de la musique filmi. Alam Ara fut projeté dans un cinéma de Bombay , le 14 mars 1931 . Ce film en noir et blanc de 124 minutes , est devenu une référence en la matière, quoique les mélodrames d’aujourd’hui soient beaucoup plus longs et plus colorés . Or, comme la musique et la danse classique indienne s’exaltent dans les Navarasas, c’est à dire les neuf émotions de base identifiées par les premiers sages hindouistes , Ardeshir Irani a eu l’ instinct de visionnaire , en les introduisant dans la création cinématographique et en rendant palpable leur impact kiné-graphique . Le West Side Story de Jerome Robbins et Robert Wise n’est réalisé qu’en 1961, soit trente années après Alam Ara . Le Broadway qui illumina le ciel hollywoodien n’a pas persisté dans cette voie prometteuse . Tant mieux pour Bollywood . Il n'existe pas un cinéma indien mais plusieurs. On peut les répertorier selon la langue de tournage (Penjabi , Tamoul, Malayam , Bengali, Kannada …). Le plus important , en termes de capitaux de production et d’influence, est celui de Bollywood, tourné en Hindi dans les studios de Bombay . La musique filmi , qu’elle soit sacrée ou profane , est très diversifiée . Elle s’inspire du terroir et parfois elle reprend certains airs et morceaux de musique occidentale , notamment pour animer certaines danses modernes . Avec l’usage effréné qu’on en fait, elle ressemble aujourd’hui à un patchwork . Tout est concocté pour créer l’émerveillement , tant par l’image, le son et le mime . En Inde, le cinéma permet aux gens de la classe défavorisée de s’évader de la dure réalité quotidienne . Ces intermèdes se distinguent par une impressionnante variété de costumes et par la beauté des sites naturels où ils sont filmés . Les paroliers essaient de suivre la ligne narrative du film. Parfois ils s’en éloignent expressément pour créer un décalage n’ ayant de finalité qu’esthétique . La suisse avec ses cimes enneigées et sa verdure riche en chlorophille , semble un lieu de prédilection pour le tournage de ces intermèdes souvent dansés . Les décors confectionnés au studio sont gouachés à l’extrême . Cette luxuriance chromatique nous rappelle inexorablement les premiers péplums de Hollywood . Quand au scénario, on trouve peu de variété et peu d’intrigue : on suit le même schéma de narration : mariage problématique entre amants de différentes castes (ou classes sociales) et « happy end » obligatoire . L’ indien Lambda n’admet pas qu’un film s’achève sur une note pessimiste. Il faut que tous les antagonistes se réconcilient à la fin de l’histoire . Signalons à titre d’indication, qu’un film remarquable comme Axe ( de Ramesh Mehra ) a essayé de s’éloigner des sentiers battus, mais il a eu un cuisant échec au box-office indien, bien que The-Big-B (Amitabh Bachchan) y interprète un des rôles les plus audacieux de sa très longue filmographie . Le directeur de musique tient une place prépondérante dans le générique et de ce fait, il participe activement à l’évolution du « star- system » indien . En Inde, pays multiethnique et multiconfessionnel , habité par plus d’ un milliard et 200 millions d’habitants , le succès des films indiens dépend en premier lieu du doigté du compositeur à explorer le champs délicat des Navarasas , de la virtuosité vocale de l’interprète originel et de la célébrité des acteurs principaux . Le mot sanskrit Navarasas (certains hindous disent Navrasas pour économiser les voyelles ) se compose de Nava (neuf ) et Rasas ( émotions , sentiments, essences ). Ces neuf Rasas sont : Shringaara (amour ), Haasya ( rire ), Karuna (pitié ), Roudra (colère ), Veera (courage), Bhayaanaka (peur ), Bheebhatsya (dégoût ), Adbhutha (émerveillement ) et Shaantha (sérénité ). Les arts indiens d’aujourd’hui , comme ceux d’hier , ne jurent que par les Navarasas . La musique indienne , dont les origines remontent à l’époque des grandes mythologies, puise sa sève dans les Râgas . On raconte que " Shiva était si heureux après son union avec Pârvatî qu'il se mit à chanter. Il a cinq têtes et, de ses cinq bouches, sortirent cinq râgas. Voyant son époux si joyeux, Parvâti se joignit à lui et chanta le râga Natanârâyanî." On définit alors le Râga comme étant un son particulier qui charme l'esprit humain . Le solfège de la musique carnatique se compose de sept notes : Sa, Ri, Ga, Ma, Pa, Da, Ni. Elles correspondent aux abréviations issues des termes : Shadjam , Rishabam , Gandharam , Madhyamam , Panchamam , Dhaivatham , et Nishadam . Ce qui est curieux, c’est l’ évocation mythologique des sept bruits de la nature. Ne nous enfançons pas dans l’hindouisme des lointains grands mages , mais restons à la surface , avec les bruits de notre temps pour observer , avec quel doigté, on jongle avec ces Rasas et Râgas dans les films indiens . Prenons la cas du film Dil To Pagal Hai (du brillant réalisateur Yash Chopra) que beaucoup de spectateurs marocains ont vu plusieurs fois en salle . Shahrukh Khan ( Rahul dans le film ) , Madhuri Dixit (Pooja) et Karisma Kapoor (Nisha) sont les principaux protagonistes de ce long métrage . Rahul est directeur d’une troupe de danse . Sa première danseuse Nisha l’aime secrètement . Lors de la préparation du prochain spectacle, Misha se blesse au pied et il fallait trouver une danseuse d’appoint pour ne pas annuler la représentation . Rahul rencontre par hasard Pooja, une danseuse non professionnelle pleine de beauté et dont il s’éprend rapidement . Elle sera "Maya" sa partenaire de plateau . Nisha , jalouse et désespérée , décide alors de quitter la compagnie de danse, et part travailler à Londres. Mais Pooja est promise en mariage à Ajay un indien résidant à Londres . La fin est un concentré de Rasas imprégnés de subtils Râgas . Ajay (Akshay Kumar ) a compris enfin que Pooja n’était pas sa dulcinée et qu’elle serait heureuse plus avec Rahul l’artiste qu’avec lui . Il renonça au mariage au profit de son concurrent . Si l’on se servait du petit lexique sanskrit ci-dessus énuméré l’on dirait que dans cette romance bollywoodienne , il y’ a beaucoup de Shringaara entre Pooja et Rahul . Il y a aussi de la Haasya la plus ludique , de la Karuna envers Misha qui méritait d’être aimée par Rahul . Il y a aussi plein d’ Adbhutha .Quand à la Bheebhatsya on la trouve dans les propos vexants de l’arrogant fiancé . La Veera de Misha et sa magnanimité retrouvée après son séjour londonien ont éloigné tout sentiment de jalousie . Ainsi, après la Roudra , vient la Shaantha d’où le « happy end » salvateur .
RAZAK